INTERVIEW COUP DE COEUR DE SEAN ELLIS, REALISATEUR DE METRO MANILA

juillet 17, 2013 par mathildelorit

Entre pure émotion et belle efficacité, Metro Manila utilise les codes du film de genre pour mieux les transcender. Interview de son réalisateur, le britannique Sean Ellis, dont c’est le troisième long métrage après Cashback et The Broken.  

METRO MANILA

Comment un réalisateur britannique se retrouve-t-il à tourner son troisième film aux Philippines, dans une langue inconnue?

Ce que l’on cherche avant tout quand on veut faire un film, c’est une bonne histoire, et on ne la trouve pas forcément chez soi ! Les Philippines m’ont donné l’opportunité de réaliser un film de braquage inédit, dans un environnement extrêmement cinématographique. L’univers et la façon de faire m’étaient inconnus, et je trouvais leur combinaison passionnante. Je suis allé à Manille pour la première fois en 2008, pour rejoindre un ami qui y travaillait. Un jour, j’ai vu deux transporteurs de fonds se disputer à l’extérieur de leur véhicule, casque sur la tête et mitraillette au point. J’ai vraiment pensé que l’un des deux allait finir par tuer l’autre: c’était un moment très intense et je me suis demandé ce qui avait pu provoquer cette explication musclée. Je n’ai pas cessé de repenser à cette scène: 18 mois plus tard, j’avais imaginé la source de cette dispute et ce qui avait pu se passer par la suite. C’est vraiment la première fois qu’une idée m’obsède à ce point !

Comment avez-vous travaillé avec les comédiens ?

Un peu comme les aveugles qui développent le sens de l’ouïe, je n’écoutais pas les mots, mais je portais une attention soutenue au langage du corps et des yeux, ainsi qu’au rythme des phrases. D’ailleurs, les acteurs ont eux-mêmes traduit leurs dialogues depuis l’anglais, ce qui a donné un style particulier à chacun des personnages du film.

 » Metro Manila est un film d’auteur caché derrière un thriller « 

Avant de basculer plus frontalement dans le film de genre, vous prenez le temps de développer une forte empathie pour les personnages…

Pour moi, Metro Manila est un film d’auteur caché derrière un thriller, et je l’ai structuré de telle sorte qu’il sonne dans un premier temps comme un film réaliste, avant de devenir une source de pure satisfaction pour le spectateur. On ne sait pas où l’histoire nous mène, jusqu’au dernier twist, que personne, normalement, n’a vu venir. La règle était simple : donner au public ce qu’il attend, mais pas de la façon dont il l’attend.

Quels sont les films qui vous ont le plus marqué en tant que spectateur?

Les premiers films qui m’ont fait comprendre le pouvoir du cinéma sont des films de genre. Alien. J’avais 13 ans, je l’ai regardé en vidéo car mon cousin, de dix ans mon aîné, l’avait vu en salle et avait eu la peur de sa vie. Le film m’a frappé à un point inimaginable, notamment en termes de design: ce n’était pas le monstre habituel, son esthétique m’a beaucoup parlé. Quand j’avais 20 ans, j’ai aussi été fortement marqué par la vision de L’Echelle de Jacob d’Adrian Lyne, avec ce twist incroyable à la fin. Je pourrais aussi citer Lost Highway de David Lynch : un film surréaliste mais extrêmement gratifiant pour le spectateur.

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